L’Imprévisible 2008, de Marie-Liesse Clavreul & Thierry Kerserho, dans les médias
(relevé non exhaustif)
Livre / Echange, CRL de Basse-Normandie, octobre 2007, p. 18, (article de Nathalie Colleville).
Mouvement, octobre-décembre 2007, p. 45 (présentation par Claude Véron).
Ouest France, 1er novembre 2007, p. 5 (article de François Lemarchand).
Ouest France, 5 novembre 2007, « Regard » (présentation par François Lemarchand).
Le Monde, 30 novembre 2007, « Le Monde des livres » p. 2 (article de Patrick Kéchichian).
Télérama, 11 décembre 2007, site Internet « le Fil Livre » (présentation par Véronique Brocard).
Libération, 13 décembre 2007, « Cahier des livres » p. VIII (article de Pierre Marcelle).
Politis, 20 décembre 2007, p. 48 (présentation par Olivier Doubre).
France Inter, 21 décembre 2007 / 7 h 26 (chronique de Thierry Steiner).
Témoignage chrétien, 28 décembre 2007, p. 43 (présentation par Emmanuel Lemieux).
Ouest France, 30 décembre 2007, « Le Guide » p. 10 (présentation par Claude Maine).
La Croix, 31 décembre 2007, p. 18 (mention d’Evelyne Anthonioz).
Le Magazine littéraire, janvier 2008 / n° 471, p. 10 (présentation par Minh Tran Huy).
Le Matricule des anges, janvier 2008 / n° 89, p. 7 (présentation par Philippe Savary).
France Culture, 2 janvier 2008 / 19 h 25 (présentation dans l’émission de Jean Lebrun Travaux publics).
Art Présence, mars 2008 / n° 62, p 45 (présentation par Ghislaine Trividic).
Radio Première (Belgique), 30 mai 2008 / matin (chronique de Paul Hermant).
Le Monde, « Le Monde des livres », 30 novembre 2007
L'agenda des états d'âme et des fautes de goût
L'ordre du temps est immuable. Chaque journée aspire au soir, chaque semaine à son week-end, chaque année à
sa fin, à ses fêtes et à ses lampions. Puis arrivent le matin, le dimanche, l'année nouvelle - et tout recommence.
Les calendriers, religieux ou laïques, grégoriens ou révolutionnaires, positivistes ou ubuesques, scandent le passage des jours.
Fébriles usagers, nous tentons de planifier le temps et de prévenir ses désordres.
Dans cette tâche, l'agenda nous seconde. Avant que l'électronique n'ait balayé la bienheureuse diversité de ces objets
du quotidien, arrêtons-nous un instant sur l'entreprise menée par deux compères, Marie-Liesse Clavreul et Thierry Kerserho.
Sous la bannière de "L'Imprévisible", ils ont élaboré un agenda 2008 dont l'usage pourrait bien alléger
les pesanteurs du présent.
Les saints du jour ne constituent des repères que pour une frange limitée de la population. Fêter Guénolé
(le 3 mars) ou Marie-Madeleine (le 22 juillet), ce n'est pas donné à tout le monde. La République, d'abord timidement,
puis plus résolument, enfin avec une sorte de frénésie, a inventé ses propres célébrations.
Les mères avaient bien leur jour... Pourquoi pas les grands-mères ? Et les femmes alors (battues de préférence),
les handicapés, les réfugiés, les gauchers... Faut-il continuer à les oublier ? Combien d'injustices furent ainsi
réparées, combien de nobles causes soutenues !
Mais la machine à célébrer s'est emballée. Trois cent soixante-six jours, c'est trop peu quand il faut en trouver un
pour honorer les télécommunications, les diversités, culturelles ou biologiques, les coopératives, le patrimoine,
les musées, la jeunesse... ou combattre la désertification, la surdité, les maladies de la prostate !
Que fallait-il faire face à cet emballement ? En rajouter bien sûr ! Dans son ironique sagesse, "L'Imprévisible"
a donc fixé pour chaque jour une célébration dont l'intitulé est emprunté au langage du management ou de la
communication. Tiré à 2 008 exemplaires, l'ouvrage est vendu, évidemment, au prix de 20,08 euros.
Encadrée par deux logiques "journées des lendemains" (1er janvier et 31 décembre), l'année 2008 offrira le
loisir de faire mémoire des "bonnes intentions", des "mauvais souvenirs" du "siège éjectable"
et dès le lendemain du "parachute doré", du "gagnant-gagnant"... Et puis il y aura aussi toutes les journées
"sans", "inconscient", "fautes de goût", "séries cultes", "états d'âme",
"pourquoi", "merci", "frontières", "malentendus"... On pensait naïvement que nos journées
étaient déjà saturées. Eh bien non, il y a encore un peu de place pour la fantaisie. Et là, pas de journée
"sans" !
Patrick Kéchichian
Télérama, « Le Fil livre », 11 décembre 2007
« L'Imprévisible », un agenda loufoque pour 2008
Ne demandez plus l'impossible, demandez L'Imprévisible. C'est-à-dire cet agenda 2008 curieux, loufoque et philosophique que vient
d'éditer Le Jeu de la règle. De facture classique – une page par jour agrémentée des phases de la lune – il recèle
un fond étonnant. Partant du principe (réel) que chaque jour est actuellement dédié à une cause – celle de la
misère ou du tricot en plein air – ses auteurs se sont amusés à inventer des commémorations dont l'intitulé est une
synthèse de ce qui s'est passé le jour même dans les années en 8. Par exemple : « 1er mai, fête du travail,
Ascension, Première, à Paris, de Mon oncle de Jacques Tati en 1958 », devient celui de la « journée des
économies d'échelle ». L'exercice se répète ainsi chaque jour de cette année bissextile (29 février,
« journée banale »). Cet agenda, c'est 366 petits morceaux d'intelligence et autant d'imagination. Puisque vous avez la
règle, à vous de jouer.
Véronique Brocard
Libération, « Cahier des livres », jeudi 13 décembre 2007
La longue marge des jours
Agenda. Banalyse à l'honneur.
[...] on mettra l'an prochain dans sa poche l'Imprévisible du jeune éditeur normand le Jeu de la règle, afin d'honorer Godard
(« Ce qui est bien, dans le livre de poche, c'est qu'on peut le mettre dans sa poche ») et de jouer avec le temps en le
déconstruisant, au sens le plus plat du terme. Mode d'emploi : « A chaque jour se trouve proclamée une journée
de ceci ou une journée sans cela. L'Imprévisible épouse ainsi [...] la tendance qui consiste à occuper et rythmer le temps
quotidien en déclarant unilatéralement telle journée officiellement dévolue à telle ou telle cause irréprochable.
» (Extrait de l'avertissement.) Exemple : plutôt que Sainte-Rolande, le mardi 13 mai se baptise « Journée
plage » (sous les pavés...), qui rappelle sobrement, en bas de page, ses antécédents de 1968
(« Grève générale ») et de 1888 (« Abolition de l'esclavage au Brésil »).
En vis-à-vis, le mercredi 14 est promu « Journée sans histoires », dont une note infra-paginale établit
qu'elle sera «Journée mondiale contre l'hypertension» et fut, en 1948, celle de la proclamation de l'Etat d'Israël. Entre
les deux folios, un buvard rose frappé à ses recto et verso des mentions « Hier » et « Demain »...
De quoi instruire en amusant, comme on appréciera (27 juillet, jour d'arrivée du Tour de France et « Journée sans
organismes génétiquement modifiés »).
L'Imprévisible est l'œuvre d'auteurs spirituels et profonds également affiliés à la Caravane d'inventions institutionnelles,
association qui se donne pour objet d'« inventer d'autres institutions que celles qui s'emploient à dominer le cours de nos existences par
les arts de la cybernétique, du management et de la gestion ». Sollicitant les auspices de René Lourau, Cornélius
Castoriadis, Pierre Legendre, Jean-Jacques Rousseau, George Orwell et Arnold Van Gennep (entre autres), ils invoquent encore l'essentiel héritage
des adeptes de la banalyse, science austère qui s'employa, entre 1982 et 1991, entre postsurréalisme et situationnisme, à
s'immerger dans un merveilleux très hypothétique dont le banal serait la source. A la façon subversive de son agenda, le même
éditeur s'affaire, dit-on, à la préparation d'une Anthologie de la banalyse qui donne envie.
Pierre Marcelle
Le Matricule des anges, janvier 2008
Année subversive
Célébrons la fantaisie avec L'Imprévisible. Sous son format de poche, cet agenda ludique a trouvé un joyeux filon
pour moquer la flambée des journées commémoratives : à chaque jour de l'année 2008 est dédié
une cause, en référence à quelques événements anniversaires inscrits en bas de page. Ainsi, le 5 avril (naissance
d'Herbert von Karajan, 1908), on fêtera la journée des erreurs de jeunesse, le 26 août (élection du pape Jean Paul, 1978)
devient la journée sans emplois fictifs, le 11 mars (exhumation du corps d'Yves Montant, 1998) la journée sans parole. Détournement,
décalage : le nouvel an qui se profile sera irrévérencieux et poétique. Tiré à 2008 exemplaires, ce
livre-objet malin imaginé par une association très sérieuse (La Caravane d'inventions institutionnelles) et publié par une
jeune maison d'édition caennaise, Le Jeu de la règle, est au prix de 20,08 €.
Radio Première (Belgique), 30 mai 2008
La chronique de Paul Hermant
C'est un type qui rentre dans une libraire et partout, il voit des livres avec dessus, sur les couvertures : « Mai 68 »,
« Mai 68 », « Mai 68 ». Il avise la vendeuse et il demande : « Et sur le mois de juin,
vous n'avez rien ? ».
Nous sommes deux jours avant le mois de juin et nous allons donc liquider la commémoration de mai 68 et vous aurez remarqué que pour ma part,
dans ces chroniques, j'ai veillé à ne pas y apporter ma pierre, je n'ose pas dire mon pavé. Nous aimons observer pour les
commémorations des silences de cimetière.
Je ne vous l'ai pas dit encore, mais j'ai en ma possession une sorte d'agenda, reçu en étrennes pour l'année 2008, il y a des pages
comme dans un agenda, des dates comme dans un agenda, des notes comme dans un agenda, mais je me dois vous le préciser : ce n'est pas un agenda
comme les autres. Il s'appelle l'Imprévisible, il est édité par une petite maison associative française et est évidemment
publié à 2008 exemplaires. Il coûte aussi 20,08 euros. Ainsi vous savez tout.
Et comme cet agenda sait, lui, qu'il n'y a plus un jour désormais qui soit un non anniversaire ni qui ne commémore quelque chose -
nous en avons déjà parlé ici même, ô combien - il a entrepris de détourner poétiquement et politiquement
les jours de la fonction qui leur avait été assignée. J'ai repris quelques pages de notre dernière semaine. Ainsi, le 25 mai
dernier qui était à la fois la journée internationale de l'Afrique, la journée des enfants disparus et la Fête des
mères en France a-t-il été rebaptisé « Journée du berceau de l'humanité », si c'est pas
beau. Ainsi, le 28 mai, qui se trouvait être la journée internationale pour la santé des femmes, est-il devenu la « Journée
des opérations de séduction » et notre prochain 31 mai, demain donc, qui est la journée sans tabac est évidemment
une « Journée sans blagues », ce qui tombe bien puisque c'est aussi une journée sans chronique.
Je vous dis cela parce qu'il nous faudra bien trouver un moyen, un jour, de décommémorer. Et, si vous l'avez remarqué,
il n'y a même plus de commémoration qui se déroule à la date exacte. Mai 68, par exemple, a été célébré dès le mois de mars dernier. Si vous demandiez pourquoi, par exemple à un média, l'on vous répondait :
« Nous n'allons tout de même pas attendre d'être dans l'emballement médiatique, si nous voulons être visibles, il nous
faut anticiper ». De sorte que lorsque le moment est vraiment venu de célébrer et de commémorer, toutes les fleurs ont
déjà été déposées, les discours prononcés et qu'il n'y a plus grand monde à la cérémonie.
Mais ainsi que vous l'avez remarqué, si on peut anticiper une commémoration, une fois la date passée, la péremption est complète.
Après la commémoration, il n'y a plus rien, sauf l'anticipation de la prochaine commémoration. Je me demande si on ne devrait pas
décréter le 1er juin « journée internationale de la commémoration des commémorations ».
Allez belle journée et puis aussi bonne chance.